2015
En 2015, le Prix Atelier Studer/Ganz comprenait la participation a un atelier d’écriture de six jours, sous la direction d’Eugène (Meiltz) et d’Antoine Jaccoud à La Ferrière, Hôtel de la Chaux-d'Abel, qui s’est déroulé en deux parties fin août et fin septembre, ainsi qu’une lecture publique le 25 novembre 2015 à la Maison de Rousseau & de la Littérature, Genève. Sur les 29 candidatures, le jury a récompensé les six autrices et auteurs suivants : Joanne Chassot, Miguel Demoura, Monika Faupel, Marylin Grandjean Felchlin, Benjamin Pécoud, Héloïse Pocry.
Atelier d'écriture
Faire écrire
Deux fois trois jours ! La Fondation Studer Ganz organise six jours d’atelier d’écriture. Le lieu choisi est toujours un peu retiré du monde. Par exemple, Romainmôtier au pied du Jura vaudois ou La Chaux-d’Abel, près de La Chaux-de-Fonds. Des lieux sans gare ni café tendance. Sortir de nos habitudes et de nos solicitations est le point de départ.
Les participants écrivent toute la matinée suivant les consignes d’un des deux animateurs ; à midi nous discutons souvent de romans lus récemment ; l’après-midi les participants écrivent suivant les indications de l’autre animateur ; le soir, on parle de pièces de théâtre vues dernièrement ; au petit déjeuner, on commente un fait divers étonnant qui ferait une bonne base pour un roman. Et on continue…
Dans une vie normale, il est extrêmement rare de consacrer autant de temps et d’énergie à l’acte d’écrire. C’est rare et précieux.
Durant les ateliers, les participants explorent une nouvelle pratique littéraire et l’adopteront peut-être pour un futur projet. Une thématique entre parfois en résonnance avec l’histoire intime d’un participant et lui donne envie d’écrire sur ce sujet plus tard. Tant de réactions différentes sont possibles !
A chaque fois, les réponses littéraires aux contraintes données par les deux écrivains interpellent et questionent. On se nourrit autant que nous nourrissons.
Eugène,
écrivain
Territoire Studer-Ganz
Un espace. Espace de travail, pour écrire, lire, songer, ne rien faire, bosser d'arrache-pied, partir en promenade un instant (ça ira mieux après) ou regarder les arbres (ça aide toujours, de regarder les arbres).
Un espace loin des autres (car l'enfer c'est eux, parfois), des bruits du monde (pour mieux les entendre aussi) mais qu'on rejoint en petit train ou en gros bus, ça dépend des fois.
Et puis un temps.
Temps pour écrire, ou raturer, ou relire et réécrire encore, temps pour parler, temps pour discuter, temps pour rencontrer des collègues et voir avec eux si c'est dur ou pas dur (d'écrire) ou plutôt quelque du matin ou du soir. Temps aussi pour recevoir des conseils, collecter des outils, prendre en plein coeur des encouragements complices mais des flèches aussi parfois (mais pas forcément empoisonnées). Temps pour s’exposer, un instant au moins, sans protection.
Un espace.
Un temps.
C'est ce que les ateliers d'écriture Studer-Ganz offrent à celles et ceux qui y participent et si vous me demandez je pense que c'est bien.
Antoine Jaccoud
Lecture
Ecrire dans un espace propice à la création et dans une atmosphère bienveillante est précieux. Encore faut-il se confronter au public. A des gens qui ignorent le déroulement de nos ateliers, qui n’ont suivi aucune de nos discussions passionnées et voudraient seulement passer une bonne soirée. La lecture publique représente donc un moment essentiel.
Nous sélectionnons quelques textes produits durant l’atelier. Nous disposons de textes courts, proches de l’inventaire et de textes plus long. Nous organisons le déroulement de la soirée en essayant de respecter un certain rythme, des cassures et des respirations.
Mais comment les six participants se comporteront-ils sur scène ? Après tout, certains d’entre eux n’ont aucune expérience de la scène ou d’une lecture publique. Un technicien place les lumières ; Antoine Jaccoud et moi donnons des indications scéniques (à quel moment entrer, comment quitter la scène).
Grâce à la fondation Studer Ganz, six jeunes auteurs vivent pleinement une aventure littéraire. Depuis la feuille blanche jusqu’aux lumières d’une salle de théâtre.
Eugène,
écrivain
Portraits et textes
Joanne Chassot est née en 1981 à La Tour-de-Peilz, elle s’est exilée à Vevey pour poursuivre une carrière de procrastinatrice. Elle est l’auteure d’une trentaine de carnets remplis de notes et d’idées vraiment super qui un jour donneront naissance à quelque chose de vraiment très bien. En attendant, elle fréquente les ateliers d’écriture pour être contrainte d’écrire de temps en temps un texte entier (ou pas). En parallèle, elle gagne sa vie en écrivant de très (trop) nombreuses pages sur l’écriture des autres et en faisant écrire des jeunes sur ses livres préférés (ou pas).
Miguel Demoura La lumière fut en 1977, en Normandie en France. Les vignes, les patates et la terre jusqu’au cou. Huit ans plus tard, Miguel Moura se retrouve au Portugal, son pays d’origine. Il y passe quelques années avant de partir pour la Suisse. Il accomplit la fin de sa scolarité à Estavayer-le-Lac. Il travaille comme cuisinier, puis se consacre à l’organisation de rencontres littéraires Tulalu!? C’est en 2008 qu’il a initié ce rendez-vous culturel qui réunit dans un même élan performances, lectures vivantes, discussions avec le public et musiciens autour d’une thématique, d’un auteur ou d’une œuvre. Les questions, il aime les chercher autant que les poser et c’est dans cette dynamique que l’idée de Tulalu!? est née. Et on devient écrivain en écrivant... A cette phrase d'Agota Kristof... il a rajouté : en discutant avec des écrivains ...
Monika Faupel est née en 1970 à Genève où elle vit. Après avoir travaillé dans différents domaines, l’import-export, la production de concerts et l’édition, elle reprend des études sur le tard en littérature anglaise et histoire de l’art. Elle écrit des fictions, des nouvelles et des pièces de théâtre qui s’articulent autour d’un dialogue entre les œuvres d’art et la violence domestique.
Certaines n’avaient jamais vu l’enfance
Marilyn Grandjean Felchlin
Laissant derrière elle les vingt premières années de sa vie en rase campagne gruérienne, tout en y gardant des liens forts, elle s'installe dès 1999 à Fribourg près d'une grande bibliothèque pour suivre en quinconce une formation en Lettres, un parcours musical vital et les opportunités de travail les plus hétéroclites qui s'ouvrent à elle au gré des nécessités. Elle bénéficie dans son cursus d'un intermède musical de plusieurs mois en Autriche, avant de sauter dans le train en marche de l'enseignement puis de l'édition scolaire, et d'en redescendre quelques années plus tard, bien accompagnée mais un peu fatiguée, par le wagon famille. Mère de trois jeunes enfants, elle marche provisoirement plus lentement et arrache à ses jours ou ses nuits quelques heures de silence pour lire et écrire.
Né en 1981, Benjamin Pécoud vit à Lausanne. En parallèle à son activité d'enseignant, il traduit en français l'oeuvre de l'écrivain suisse-allemand Hermann Burger. Il est membre du collectif d'auteurs Caractères mobiles avec lequel il organise depuis 2014 des kiosques littéraires qui privilégient une écriture sur le vif, en réponse aux commandes du public.
Héloïse Pocry est née en 1984 dans une ville qu’elle préfère oublier, c’est à Vevey qu’elle vit depuis une décennie. Interdisciplinaire dans l’âme, cela se reflète dans sa formation, ses activités professionnelles et ses centres d’intérêt, ainsi que dans ses explorations artistiques. L’écriture est son moyen d’expression et de création privilégié, mêlant prose et poésie, préférant le format court qui va à l’essentiel. Ce sont les échos de la vie intérieure et les méandres de la mémoire qui l’inspirent et qu’elle essaie de sublimer dans les mots.